Prends la pose

Cette exposition s’intéresse à l’Art du Portrait au Burkina Faso des années 1950 à nos jours. Et plus particulièrement à la relation qui s’est établie entre la photographie et la peinture.

En effet, qu’il s’agisse de peindre un décor (mural ou sur toile) censé à terme prendre place dans un studio photo, de photographier un modèle sur ce même décor ou de peindre un portrait d’après une photo, cela revient pour deux techniciens à prendre part à un dialogue qui n’a de cesse de les lier l’un à l’autre tant par leur dépendance mutuelle que par la finalité de cet échange, le portrait.

 Nous* nous sommes donc intéressés au portrait sous ses différentes formes :

Le portrait photographique, qu’il soit à but d’identification, d’un plaisir solitaire, entre amis, en famille ou en « bande »

 Le portrait peint réalisé depuis photographie, qu’il soit un acte de sauvegarde du patrimoine familiale (dégradation de la photo initiale) ou un moyen de valorisation (agrandissement, modification, mise en couleur…)

Bien qu’autonomes, la photographie et la peinture ont ceci de commun qu’elles se sont développées sur la base d’un besoin qui a émergé avec la modernité : il s’agit de répondre au désir des commanditaires soucieux de toujours se conformer aux codes visuels sans cesse renouvelés par la société de consommation.

 En collaborant autour de l’art du portrait, ces deux pratiques artistiques ont donné naissances à des formes visuelles totalement inédites. Certains seraient tentés d’avancer qu’aucune démarche artistique ne motive la production de ces portraits. Il est évident que le propos d’une telle exposition n’est pas de révéler les préoccupations esthétiques, ou autres, des créateurs présentés mais bien ce que leurs « œuvres » dévoilent, pour qui veut bien s’y intéresser, quant aux modifications d’ordre social, organisationnel et esthétique survenues en Afrique depuis les années 1950. Nous l’aurons compris, appréhender un portrait photographique ou peint africain c’est aller au-delà de l’apparence, de l’illusion d’un visage pour peut-être s’approcher des peurs et des désirs intimes de ceux qui se sont laissés « tirer le portrait ».

 

 Texte de Rémy Rousseau

 

 * Exposition réalisée par Rémy Rousseau, Sandrine Balade et Joël Cubas, avec le soutien du Centre Culturel Français de Ouagadougou.

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