Nos petits déjeuners étaient alors rythmés par des têtes passant le portail et demandant “Y’a théâtre aujourd’hui ?”
Théâtre, théâtre, mais c’est pas du théâtre !
Et pourtant. Nos mises en scènes figées faisaient écho à une pratique du portrait photographique en vogue dans les années 70 dans toute l’Afrique de l’ouest. Poser dans un décor fantasmatique ou symbolique rencontrait alors un grand engouement. On aimait à se représenter valise à la main, prêt à embarquer dans un avion sur toile peinte, devant un appartement factice suréquipé, un paysage urbain imaginaire ou une brousse verdoyante en trompe-l’œil. On se mettait en scène dans l’espace exigu du studio sous une posture avantageuse, téléphone à la main ou chevauchant sa moto flambant neuve.
Ainsi, dans un même élan, nous avons réalisé cette série en rendant hommage à ces photographes qui nous ont amusé, ému, fait rêver et dévoilé les espoirs secrets de Burkinabés.
Le projet terminé il nous reste ces images. Mais aussi le souvenir des décors balayés par l’Harmattan, des coupures d’électricité interrompant nos séances, des goûters au biscuits secs arrosés de Grenadine, des fous rires du comédien charrié par ses amis, des têtes des voisins intrigués dépassant du mur, de toute cette petite troupe rassemblée autour du plateau . Un moment d’insouciance comme un cadeau du ciel.